La Côte d’Ivoire et l’Afrique face au modèle chinois : valoriser la jeunesse diplômée pour revitaliser les collectivités locales rurales

12 mars
4 min de lecture

La Chine, depuis plusieurs années, a mis en place une stratégie innovante pour répondre aux défis du développement rural tout en offrant des opportunités à sa jeunesse diplômée.

Ce modèle, qui encourage les jeunes talents à s’engager dans la revitalisation des campagnes, pourrait inspirer des pays africains comme la Côte d’Ivoire, confrontés à des enjeux similaires de déséquilibre entre zones urbaines et rurales, de chômage des jeunes diplômés et de nécessité de modernisation des secteurs agricoles et ruraux.

Le modèle chinois : une jeunesse diplômée au service des campagnes

En Chine, le gouvernement a lancé des programmes ambitieux pour inciter les jeunes diplômés à s’installer dans les zones rurales et à participer à leur développement.

Ces initiatives reposent sur plusieurs piliers :

Des incitations financières et professionnelles : Les jeunes qui s’engagent dans des projets ruraux bénéficient de subventions, de prêts à taux préférentiels et d’opportunités de carrière. Par exemple, des diplômés en agronomie sont encouragés à moderniser les pratiques agricoles grâce à des technologies innovantes, tandis que d’autres, spécialisés dans le tourisme, développent des éco-lodges ou des circuits touristiques pour attirer des visiteurs.
Des infrastructures adaptées : Le gouvernement investit massivement dans les infrastructures rurales (routes, internet haut débit, centres de formation) pour rendre ces zones attractives et fonctionnelles. Cela permet aux jeunes de travailler dans des conditions optimales et de rester connectés aux marchés nationaux et internationaux.
Un sentiment d’utilité sociale : En s’engageant dans des projets ruraux, les jeunes diplômés chinois trouvent un sens à leur travail. Ils contribuent directement à l’amélioration des conditions de vie des populations locales, tout en participant à la construction d’une économie plus inclusive.

Pourquoi la Côte d’Ivoire devrait s’en inspirer ?

La Côte d’Ivoire, comme de nombreux pays africains, fait face à plusieurs défis majeurs : un exode rural massif, un chômage élevé parmi les jeunes diplômés et un développement économique inégal entre les villes et les campagnes. Le modèle chinois pourrait offrir des solutions adaptées à ces problématiques.

1. Réduire l’exode rural et rééquilibrer le développement

En Côte d’Ivoire, les zones rurales souffrent d’un manque criant d’infrastructures et de services de base, ce qui pousse les jeunes à migrer vers les villes, notamment Abidjan.

En s’inspirant du modèle chinois, le gouvernement ivoirien pourrait mettre en place des programmes pour attirer les diplômés vers les campagnes.

Par exemple, des ingénieurs agronomes pourraient moderniser les pratiques agricoles dans des régions comme le Nord, où la productivité reste faible. Des diplômés en gestion pourraient aider à structurer des coopératives agricoles, améliorant ainsi les revenus des producteurs de cacao ou d’anacarde.

2. Créer des opportunités professionnelles pour les jeunes

Le chômage des jeunes diplômés est un problème majeur en Côte d’Ivoire. En les incitant à s’engager dans des projets ruraux, le pays pourrait créer de nouvelles opportunités professionnelles.

Par exemple, des jeunes formés en technologies de l’information pourraient développer des plateformes numériques pour connecter les agriculteurs aux marchés, ou des spécialistes en énergies renouvelables pourraient installer des systèmes d’irrigation solaires dans les zones arides.

3. Dynamiser l’économie rurale grâce à l’innovation

La jeunesse diplômée apporte avec elle des idées nouvelles et des compétences techniques qui peuvent transformer les économies locales.

En Chine, des jeunes ont lancé des projets de tourisme rural, créant des emplois et attirant des investissements. En Côte d’Ivoire, des initiatives similaires pourraient être développées dans des régions comme Man ou Bondoukou, où le potentiel touristique est sous-exploité. De même, des projets d’agro-industrie pourraient être mis en place pour valoriser les produits locaux, comme le manioc ou l’huile de palme, créant ainsi des chaînes de valeur locales.

Des exemples concrets à suivre

Plusieurs initiatives chinoises pourraient servir de modèles pour la Côte d’Ivoire :

Le programme "Jeunes Talents pour les Campagnes" : Ce programme offre des bourses et des formations aux jeunes qui s’engagent dans des projets ruraux. La Côte d’Ivoire pourrait lancer un programme similaire, ciblant des secteurs prioritaires comme l’agriculture, l’énergie renouvelable ou le tourisme.
Les coopératives agricoles modernisées : En Chine, des jeunes diplômés ont aidé à créer des coopératives agricoles high-tech, utilisant des drones pour surveiller les cultures et des plateformes en ligne pour vendre les produits. En Côte d’Ivoire, une telle approche pourrait révolutionner la production de cacao, en améliorant la qualité et en augmentant les revenus des producteurs.
Le tourisme rural durable : Des jeunes Chinois ont développé des éco-lodges et des circuits touristiques dans des zones reculées, attirant des visiteurs et créant des emplois. En Côte d’Ivoire, des projets similaires pourraient être mis en place dans des régions comme les montagnes du Tonkpi ou les plages de Sassandra.

Conclusion : un modèle à adapter

Le modèle chinois de promotion et de valorisation de la jeunesse diplômée au profit des collectivités locales rurales offre des pistes intéressantes pour la Côte d’Ivoire et d’autres pays africains. Cependant, il est crucial d’adapter ce modèle aux réalités locales, en tenant compte des spécificités culturelles, économiques et sociales.

En investissant dans des politiques publiques ciblées, en créant des incitations attractives pour les jeunes diplômés et en modernisant les infrastructures rurales, la Côte d’Ivoire pourrait non seulement réduire les inégalités entre villes et campagnes, mais aussi offrir à sa jeunesse des opportunités professionnelles et un rôle central dans le développement national. Le temps est venu de s’inspirer des réussites chinoises pour construire un avenir plus inclusif et prospère.